Vient voir son frère

*Si Louis aurait dû s’attendre à une réaction, ce n’est certainement pas celle là qui lui aurait traversé l’esprit ! Son sourire apparu à l’ouïe du verbe « rompre » conjugué pour l’heure au présent eu tôt fait de disparaître avec la suite des propos de Monsieur ! Le Roi était donc arrivé à une de ses fins -malheureusement pas « ses » tout court - mais il faudrait bientôt recommencer puisque son frère semblait vouloir s’évertuer à continuer ses… frivolités !
Le Chevalier avait apparemment pris peur –à raison !- de la menace habilement et discrètement proférée et avait décidé, contraint certes, mais décidé tout de même, de cavaler vers d’autres aventures ! Philippe lui voulait retrouver de semblables plaisirs…
A bien le regarder, ce frère, et cette mention était d’importance pour décrire un lien familial bel et bien existant, était monté sur des échasses tant ses souliers étaient hauts, il était toujours paré comme une femme, avec toutes ses bagues, ses bracelets, couvert de pierreries à vous en éblouir mauvaisement les yeux tant les éclats se mélangeaient, avec une longue perruque poudrée et des rubans de partout où il pouvait mettre (à en faire pâlir de jalousie certaines de la cour) mais malgré cet accoutrement, il était, fallait il l’avouer… en tout gracieux.
Louis, bien que habitué à cette manie prise dès la plus tendre enfance, la savait encouragée par Mazarin pour l’éloigner des tentations du pouvoir… c’était donc un « mal pour un bien » ! Mais… malgré cette raison des plus convaincantes, il n’arrivait à la faire sienne ! Il le savait pourtant et avait eu l’occasion de le vérifier : le prince manifestait un intérêt et un goût certains pour la guerre. Au cours des batailles il n’hésitait pas à participer activement au combat, se mêlant aux soldats dans l’odeur de la poudre et le bruit des canons… Tellement activement d’ailleurs, qu’il en avait été couvert de gloire au point de … d’assombrir le rayonnement de sa majesté. C’est pour cela qu’il était désormais « interdit de guerre ». Il fallait éloigner ce successeur hypothétique et ce par tous les moyens. Mais Louis ne s’y faisait pas, toutes ses manies le hérissaient : le fait qu’il profite des bals masqués et autres carnavals pour assouvir son goût en public était une chose, le quotidien un peu moins spécial en était une autre ! Et cela pour dire que Philippe bien que de plus en plus soumis et obéissant n’en restait pas moins obstiné sur certaines choses, on voulait le cantonner à un rôle de second, il s’y tenait et l’exploitait à l’extrême…
Cette affaire de la lettre venait encore de le prouver !*

*Louis venait de se fourvoyer… si son visage resta détendu, son poing se serra rageusement. Madame ne retrouverait donc point son mari ! Concernant Henriette, Il était fort juste que le Roi l’appréciait, un peu plus que ce que les mots autorisaient en description, mais que diable, comment un homme normalement constitué pouvait il résister devant ces « os du sacrement » devenus chair tendre ? Si Monsieur pinaillait vilainement devant ce festin des plus beaux (qu’il voyait lui en mauvaise table à fuir à tout prix), Louis n’allait pas demander son reste, et s’était autorisé à se servir copieusement, il était le Roi après tout ! Cela ne plaisait guère à Philippe ? Il était le roi c’était tout !
Mais il fallait bien sauver les apparences et entretenir les affaires, c’est pourquoi il avait facilement cédé à la demande de cette cousine germaine jalouse de voir son mari encensé tous ses amants…
Louis ne savait rien des intentions de son frère mais le piège allait se refermer sur la malheureuse…il devinait en tous cas l’énervement de Philippe, et voulu alors tenter de calmer les choses, surtout que ce sourire bizarrement cruel ne présageait rien de bon ! *

-Mon ami, vous tenez là de bien sévères propos, Henriette ne demande qu’à être à vous… n’est ce pas là la plus belle preuve d’amour ?

*Le Roi parlait d’amour, sous entendait la sincérité ? Il y allait peut être un peu fort mais tout était bon pour raisonner présentement un cadet, qui on le sait lorsque la colère le gagne, est capable de tous les excès, et au vu de ce dont il est capable en possession pleine de ses moyens, il faut bien veiller à les lui faire conserver !
Bien que le sourire lui soit revenu, sa Majesté ne croyait pas au calme après cette secrète tempête… .*

*Il acquiesça à la proposition de Monsieur *

-Je pense haut ce que vous pensez tout bas : rentrons ! L’air se rafraîchit et ce n’est pas le moment d’attraper mal ! Aurez vous encore un peu de ce délicieux breuvage que vous m’avez fait goûter il y a de cela une bonne heure ? Si je dois reprendre la route tantôt, votre délicieuse boisson me donnera la force nécessaire pour affronter le voyage qu’il me tarde d’avoir déjà effectué…

*il cru bon de préciser*

-Ne soyez pas en souci mon frère, je ne saurai vous prendre plus de temps vous devez avoir à faire et … je suis attendu ! Je n’ai déjà que trop tardé… mais prendre son temps n’a que du bon : je ramène une boisson exquise et une graine d’architecte rarissime !

*Cet affront de sa femme ne demeurerait pas impuni, il se le promettait, de plus cette créature du diable s'était arrangé pour être "dans les petits papiers" du Roi. Philippe se battra donc avec les armes dont il dispose sans qu'on lui reproche quoi que ce soit, après tout, on a encore jamais un fils de France se voir reprocher d' entretenir la succession en faisant des enfants à sa femme. Oh oui la vengeance de Philippe sera à la hauteur du crime de sa femme. Lorsque Louis tenta de l'apaiser en trouvant des "excuses" à Henriette, c'est l'effet inverse qui se produisit, cela ne fit qu'augmenter la colère de Monsieur. Ce dernier ne pouvait cependant pas s'emporter contre son frère, car même si il commençait à penser qu'il avait un certain rôle dans cette affaire, il ne voulait pas se froisser avec lui, personne n'était plus important que son frère à ses yeux et ce malgré ce que dernier lui faisait subir. Il se mit à rire mais d'un rire sans joie, il regarda son frère dans les yeux, mais son regard ne contenait aucune trace de colère, juste une grande tristesse, une grande désillusion. *

- Une preuve d'amour....Oh Sire, je vous en prie, elle ne connait même pas la signification de ce mot.

*Ne pouvant soutenir le regard de son frère très longtemps, il détourna les yeux et soupira tristement.*

- Je n'ai pas toujours pensé cela, il fut un temps où je pensais naïvement que ma femme et moi pourrions faire un heureux mariage.....ce que j'ai pu être sot.....

*Sachant que son frère n'aimait pas trop qu'on ne le regarde pas lorsqu'on lui parle, il le regarda à nouveau.*

- Vous savez Majesté, je vais vous confier quelque chose que je n'ai jamais dis à quiconque. Lorsque vous m'avez annoncé mon mariage avec Henriette, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, et lorsque je l'ai vu descendre du carrosse, j'ai ressenti une grande fierté à pouvoir bientôt l'avoir à mon bras, je pensais que peut-être notre mariage pourrait être une réussite, j'étais prêt à tout pour que cela soit, je me suis même éloigné du Comte de Guiche, qui était mon amant à cet époque. J'avais beau être aimable et...patient avec ma femme, elle trouvait toujours quelque chose à me reprocher, rien de ce que je faisais ne trouvait grâce à ses yeux, et un soir, j'arrivais dans ses appartements, je voulais lui faire la surprise de ma venue.......J'aurais mieux fais de m'abstenir puisque je l'ai trouvé dans une position très inconvenante avec Armand (le Comte de Guiche of course ). Imaginez ma déception, et le sentiment de trahison que j'ai ressenti. Par la suite, je ne me faisais plus d'illusions, mais je ne disais rien, peu importe les coups bas qu'elle me faisait, avec qui elle couchait. C'est à ce moment là que je me suis dis que je pourrais moi aussi me distraire en ayant des amants puisqu'elle en avait malgré le fait que nous étions mariés. J'ai donc repris ce train de vie que vous exécrez. Mais ce qu'elle m'a fait en éloignant le Chevalier de Lorraine de moi....je ne pourrais jamais lui pardonner, j'aurais toujours cela en travers de la gorge, voilà pourquoi elle ne retrouvera jamais l'innocent Philippe des débuts de notre relation, celui qui était si naïf, je connais à présent son vrai visage, et je la hais.

*Voilà, c'était dit, tout ce que Philippe ressentait comme aversion pour sa femme venait enfin d'être dévoilé, tout ce qui lui pesait sur le cœur. Il n'avait peut-être pas eu raison de faire cela, mais tant pis.*

- Oh mais rassurez-vous Sire, je ne ferais rien qui puisse lui porter atteinte, mais je lui conseille simplement de ne plus recommencer ce genre de choses.

*Il acquiesça en hochant la tête, heureux que le sujet change.*

- Je suis aux ordres de Sa Majesté, je vais immédiatement vous faire préparer un autre verre de thé glacé.

*Il regarda son frère.*

- Mais vous savez bien mon Roi que je suis toujours heureux de vous recevoir.

*Certes Louis imaginait bien que Philippe n’avait pas de suite retrouvé la légèreté d’esprit qui le caractérisait, cependant il aurait aimé y voir un peu plus loin ou plutôt entendre, afin de préparer ses oreilles –qui pourtant commençaient à mériter l’adjectif « expérimentées »- aux révélations qui ne tardèrent pas !*

*il croisa ce regard presque vide, remarqua combien l’éclat était sombre, dans quelle mesure ce jeu sonnait faux…pourtant ce n’est pas à Monsieur que l’on devait apprendre la facétie, ce n’était certainement pas à lui que l’on devait conseiller sur le paraître. Mais aujourd’hui Monsieur avait comme perdu cette maîtrise, ce naturel démesuré : oui il était dans le faux puisque…dans le vrai ! il ne pouvait rien contre cette émotion qui le gagnait malgré tout, et ses efforts pour la dissimuler ne faisaient, au contraire, que la renforcer… Les mots vinrent enfin avouer ce que le corps ne pouvait plus taire ni même déguiser. Là aussi le Roi fut surpris d’une telle confession, toute en sincérité : son cadet parlait, parlait encore, sans enjoliver les formules, sans phrases grandiloquente, il s’exprimait en toute simplicité, la plus poignante qu’il soit. Louis aurait presque été atteint par la lame de la véracité s’il n’avait pas été Louis XIV le Dieu Donné Roi de France oui il aurait été désarçonné par cette spontanéité s’il n’avait été « qu’un homme » : mais l’amure qui protégeait son cœur était rôdée maintenant, et impénétrable. Il put donc conserver contenance et fierté, constatant les ravages dont il était le responsable en partie… Mais y avait il là bien sujet à trouver un coupable, une faute ? Louis était persuadé que, de toutes les manières, cette aventure se serait terminée tôt ou tard avec inévitablement plus de maux encore, et donc qu’il avait agit à temps, que Henriette avait eu raison de lui souffler le mot de cette « affaire »…*

-……

*Louis ne parla point, et laissa son frère finir. Il venait de confirmer ce qui était jusque là de simples ragots qui circulaient à Versailles ou des nouvelles que de gens de confiance lui avaient rapporté. Madame n’avait pas menti sur le pourquoi de sa demande, elle l’avait tout bonnement tût. Elle avait eu le Chevalier pour amant ? Louis le releva à peine…inutile de rappeler qu’il avait secrètement jalousé son cadet le jour de ses noces, qu’il avait trouvé compensation autrement, un autre jour, Henriette avait très bien pu avoir d’autres hommes dans son lit, elle était venu dans le sien et c’est à lui qu’elle venait demander de l’aide…Louis était une fois encore le centre de l’attention, le référant, c’est tout ce qui importait.*

-Je puis comprendre votre réaction mon frère et ne doute pas de vos efforts pour honorer devant Dieu le lien que je vous ai proposé…

*Il avait finalement pris la parole, mais le réconfort exprimé n’était que verbal… il pressentait en effet une quelconque vengeance, il savait Philippe plus intelligent que ce que les mauvaises langues s’amusaient à railler. Oui il savait qu’il devait se méfier, que tout était possible…Il préparait quelque chose, et Louis était bien décidé à le découvrir.*

-Je sais votre hospitalité sincère et partirai quand le moment sera venu, dans fort peu de temps…

*Oh non il n’avait aucune envie d’abandonner le sujet !! il rattrapa aussitôt le vilain fugitif *

-Ne tenez vous pas ici un quelconque commencement de regret, ne voyez vous pas là le geste d’une femme qui voudrait retrouver son époux ? Dois-je entendre dans votre discours que, votre union insoluble, vous n’allez pas tout mettre en œuvre pour la redorer, mais n’en conserver que le serment donné à notre Père ?

*Le Roi marqua un temps d’arrêt, et conclu, sans autre précaution que celle qui accompagnait nombreuses de ces remarques ou questions, c’est à dire aucune…*

-Jusqu’où allez vous pousser votre débauche Philippe ?

*enfin, le mot "conclusion" n'était peut être pas le plus approprié...*

HJ : bon je ne suis pas trop contente de moi... promis je ferai mieux ^^

*Durant tout le temps qu'avait duré sa confession, Philippe ne s'était pas attendu à ce que son frère parle, il savait que Louis le laisserait aller jusqu'au bout sans l'interrompre, peut-être parlera t-il lorsque le Prince aura fini, mais rien n'est moins sûr, il pourrait tout aussi bien changer de sujet. Monsieur n'est pas dupe, il ne s'attend pas non plus à un quelconque réconfort, peut être une parole aimable, et encore, ce n'est pas certain. Mais il parle, il parle et parle encore jusqu'à ce que son cœur meurtrit se soigne petit à petit tout en sachant très bien que ce dernier ne guérira jamais et que Philippe devra encore feindre la gaieté et la joie de vivre, après tout l'important pour lui n'est qu'un détail pour les autres, cela il l'a très bien compris.*

*Le principal c'est que tout le monde s'amuse, que la Cour du Roi Soleil resplendisse. Alors Monsieur savait bien qu'une fois cette conversation terminée, il redeviendrait le frère qu'il avait toujours été, l'amuseur public, l'organisateur de bals et autres fêtes. N'allez pas croire qu'il n'aimait pas faire cela, non au contraire, rien ne lui faisait plus plaisir que d'organiser quelque chose pour son frère, lire dans les yeux de son aîné la joie de voir une fête en son honneur, même si c'était lui qui l'avait demandé. Le prince recherchait par tout les moyens à satisfaire son frère.*

*Mais il arrivait quelques fois où, malgré son amour inconditionnel pour son aîné, il soit fatigué de tout cela, souvent, ces derniers jours il avait souhaité ne pas guérir de cette blessure....La cicatrice qu'il avait à présent près de son cœur, signe de l'attentat contre son frère, lui rappelait combien il avait du lutter pour revenir auprès de Louis. D'ailleurs, si il n'avait pas eu son frère, il ne serait pas revenu, il était si blessé de l'abandon du Chevalier qu'il n'avait plus le goût de se battre pour quiconque, mais lorsque cette flèche vint se loger près de son cœur, il fut tenté de rester en compagnie de son père. Toutefois, lorsqu'il sût que son frère était resté près de lui, à le veiller, cela avait suffit pour le faire revenir. Alors, Louis pouvait fort bien coucher avec Henriette, il pouvait même envoyer le Chevalier de Lorraine au loin, jamais Philippe ne lui reprocherait quoi que ce soit, toujours il lui serait dévoué. Après tout, Louis l'avait protégé lors de la Fronde, il avait été fort pour eux deux et le Prince lui en sera éternellement reconnaissant. C'est une des raisons de son dévouement auprès de son frère et Roi.*

- Certes Majesté, je ne ferai jamais rien contre cette union, la preuve en est que je partage la couche de ma femme aussi souvent que je le peux afin d'entretenir la lignée des Bourbons...

*Il ne dit pas "aussi souvent que j'en ai la force", mais c'était ce qu'il pensait, pour lui coucher avec une femme était vraiment le comble de l'horreur.*

- Prenez le temps que vous voulez mon Roi, d'ailleurs, je ferai route avec vous, comme nous en avons convenus ce matin.

*Il écouta les paroles de son frère et soupira tristement.*

- Un commencement de regrets ? Voyons Louis, je vous en prie, je ne sais même pas si elle connait la signification de ce mot, mais si vous voulez, je peux aller lui demander si elle regrette d'avoir couché avec le Marquis de Béthune la semaine dernière.

*Sa colère envers sa femme le faisait parler un peu trop vite, d'ordinaire il n'aurait jamais dit une telle chose en présence de son frère.*

- Pardonnez-moi Sire, la colère me fait réagir trop promptement.

*Au mot "débauche" employé par Louis, Philippe ferma les yeux douloureusement, comme si il venait d'être transperçé par des dizaines de poignards. Il savait que Louis n'aimait pas trop son style de vie, mais il ne pensait pas qu'il le tenait en si basse estime, ainsi il le prenait pour un débauché. Philippe regarda son frère et lui répondit le plus sérieusement du monde, avec une voix dénuée de toute émotions.*

- Je l'ignore Louis.....de toute façon, pour le moment le plus important est que je mette ma femme enceinte, non ? J'aurais toujours le temps de réfléchir à la manière de passer le temps.

*Oh oui il fera des enfants à cette pimbêche, il lui en fera tant qu'elle se gâtera et sa beauté ne sera plus qu'un lointain souvenir.*



hj : oh bah moi j'aime bien

*Louis avait parlé les dents serrées lorsque Monsieur avait évoqué les tromperies de sa femme. Il ne pouvait supporter la critique dirigée contre celle à qui il vouait un amour…platonique, qu’il dissimulait sans grande illusion finalement à des yeux aguerris. Bien qu’il eu entendu les aventures de Madame, il n’arrivait pas à lui en tenir rigueur, surtout venant de Philippe… Mais il n’en ajouta plus.*


*Une complicité nouvelle s’était nouée il est vrai entre les frères depuis l’attentat auquel avait réchappé le monarque, mais cela ne signifiait pas non plus une connivence parfaite et à tous les égards… Louis restait Louis : avec ses principes, ses grandeurs, son désir de rayonner toujours plus loin, et toutes ces choses qu’il n’acceptait pas. Cela expliquait sa réponse positive à la requête d’Henriette et sa dernière question… Jusqu’à aujourd’hui, tirant les leçons de la Victoire de Cassel il avait cantonné son frère dans un rôle second et de second : fastes, fêtes et compagnie… cela semblait lui plaire et servait le Roi. Bien, tous deux y trouvaient leur compte à priori. Il se moquait bien que cela ne soit que des apparences : en être égoïste qu’il était, du moment que cela lui convenait et ne lui faisait aucune ombre, mieux, qu’il était mis en valeur, il ne remettait rien en question. Il en était tout autrement lorsqu’une menace planait. Et d’ailleurs, si Louis avait fait exiler le Chevalier, c’est parce que son emprise sur Monsieur devenait trop grande et incontrôlable… La crainte d’un Philippe recouvrant ses desseins passés, des projets que son rang ne lui permettait pas avait guidé cette décision d’éloignement. D’ailleurs cet autre Philippe était désormais le premier suspect dans « l’affaire de la flèche » (mais cela, il n’en dirait mot au Prince, il enquêterait pour son compte, avec les personnes qu’il choisirait : oh loin de lui l’idée de dissimuler quoi que ce soit, simplement de taire une réalité qui ferait certainement des émules… puisque l’on sait pertinemment que le cœur, criant plus fort que la raison peut perdre un être blessé dans sa chair et l’amener à se conduire comme jamais personne ne l’aurait imaginé ! Quand bien même son cadet viendrait à en avoir vent, Louis ne mentirait pas et parlerait sur l’état des choses, tout simplement.*

* Pour l’heure le propos était autre et Monsieur évoquait ses devoirs conjugaux, Louis s’étonna sur un début de congratulation*

-Je le sais… L’amour est resté graine infertile dans ce jardin que vous vous êtes pourtant évertué à cultiver… Malgré cela, vous ne déshonorez pas l’engagement pris devant Dieu, que celui-ci vous garde mon frère…

*Il n’allait quand même pas le remercier pour son comportement, qui pourtant était garant de la bonne entente entre deux pays qui n’hésiteraient pas à se répondre par la poudre en cas de nouveau désaccord, mais la contribution du Prince était tout de même à souligner, chose faite donc. Il se demandait pourtant s’il n’allait pas un jour découvrir les raisons de cet « investissement » , il n’avait pas d’avis sur le sujet pour le moment, mais cela l’intriguait grandement… En tous cas s’il ne développait plus ce semblant d’apologie, c’était également parce qu’il était parfaitement au courant de la découche de ce mari, plus attiré par les hommes que par la gente féminine : ce qu’il ne comprenait pas, et ne comprendrait jamais, surtout lorsqu’une telle beauté partage votre lit…il était réellement embarrassé par ce train de vie déplacé, imprévisible et dispendieux…Il avait jusqu’alors tenté d’ignorer la « chose », mais à croire que cet effort fut vain, le mot « débauche » , le ton glacial de la question, empli de reproche retranscrivant finalement toute la désapprobation qui avait été contenue…*

-J’ose espérer que vous trouverez une bonne occupation… je vous y aiderai de toutes façons, je pense que cela est mieux…

*il faisait référence une fois encore à ce besoin qu’il avait de tout contrôler, surveiller, qui plus est lorsque cela concernait Philippe et cela, pour Louis n’était jamais de trop au vu des qualités de stratèges qu’avait révélé son cadet, qui pouvait savoir ce qu’il cachait encore ? Il s’arrêta, puis avec un sourire à la hauteur du ton devenu impassible, il enchaîna sans transition d’ailleurs*

-il est temps en effet mon cher de donner à votre union un fils qui pourra passer les deux ans…

*il n’y avait là aucun reproche ou médisance, une simple constatation, façon Louis le Grand…

*il se tut alors, repensant soudainement à son retour sur Versailles que Monsieur avait évoqué il y a quelques secondes : il se demandait s’il ne devait rentrer tantôt, tant d’affaires était en suspens, il fallait qu’il s’y penche sérieusement, certaines lui trottaient dans la tête sans même qu’il ne s’y penche outre mesure…*

-Libre est votre choix de m’accompagner ou non, peut être que j’avancerai mon retour, je ne voudrais précipiter certaines de vos tâches…


hj : ^^