La Prise de Pouvoir ! - A tous ceux qui en ont le droit -

*François tournait en rond dans l'hôtel Vendôme. Quand allaient-ils arrivés ? Il était temps, ils ne pouvaient plus se permettre d'attendre. Enfin, il entendit du bruit. Il se précipita dans le hall de l'hôtel et y trouva ses chers compagnons de nuit. Il se dirigea d'abord vers sa petite Anne chérie, future maîtresse officielle (il en avait le projet) et embrassa son front avant de saluer les autres. Conti était mal à l'aise et les duchesses de Chevreuse et de Longueville ne cessaient d'échanger des regards amusés. Elles devaient certainement railler la pauvre Anne de Rohan, si jeune et beaucoup plus jolie qu'elles. François n'y prêta pas attention lorsque des pas se firent entendre derrière lui. Il se retourna et vit sa soeur aînée, du haut de l'escalier, qui regardait son frère avec un air mécontent. *

- J'espère que tu ne vas pas faire de bêtises, François.* Dit-elle d'un ton suspect*
- Que vas-tu croire là, ma chère soeur, *répondit-il d'un ton détaché.* Tu me connais trop bien !
- Justement, François de Vendôme, faites bien attention à vous !

*François esquissa un sourire amusé et quitta l'hôtel Vendôme. Il eut le temps de grimper sur son cheval avant de remarquer la foule présente sur la place des Vendôme. Ils devaient être des milliers, femmes, hommes, enfants et vieux, réunis. Paysans, la plupart, mais on y apercevait quelques bourgeois également. François eut un sourire aux lèvres. Il lança son cheval au galop, écartant la foule et vint se placer devant eux. Il leva le poing et ses amis vinrent le rejoindre. Ensemble, ils purent faire le silence. Un silence inquiétant et excitant. François n'eut rien besoin de dire, il leva le poing à nouveau et la foule les acclama avec folie. François éclata de rire, fit cabrer son cheval et s'élança dans les rues de Paris. Il fut rapidement rejoint par ses chers collègues. Suivis également de la foule en délire, ils prirent la route de Versailles. La nuit était bien entamée lorsqu'ils y arrivèrent. Tout se fit dans le silence le plus total, pourtant. Les laquais furent réquisitionnés et menacés par les paysans qui s'introduisaient dans toutes les pièces comme s'ils y avaient toujours vécu. François laissa son cheval à l'entrée et, accompagné de ses alliés, prit le chemin des appartements du Roi. Beaucoup furent tués, ceux qui voulaient se révolter, en tous cas. François se jeta dans la chambre... mais personne.
Fou de rage, il fouilla toutes les pièces et demanda à ce qu'on exécute la plus grande fouille de l'Histoire de France et du Monde (la folie le faisait un peu exagérer). Il n'en revenait pas... Soudain, Conti arriva, tenant un laquais par les oreilles et dit à Beaufort.*

- Louis est parti avec la famille royale, voilà le coquin qui le savait !

*François se retourna avec fougue sur lui, l'attrapa par le col et le jeta sur une chaise. Il lui lança un regard noir et répondit méchamment.*

- Parle ou je te tue !

*Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Le petit laquais, qui devait avoir la quinzaine, tremblait comme une feuille en automne. Il déglutit et prit une inspiration avant de répondre, presque en bégayant. *

- Je.. je n'étais pas censé les voir... J'ai été réveillé par ma maîtresse qui demandait à boire... en la quittant... Je... je les ai vu se faufiler et partir par là...

Il montra du doigt, la route de l'Est, qui passait non loin du grand canal. François soupira, lâche le pauvre laquais et tournait en rond.*

- Ils savaient !
- Ce n'est pas là notre plus grand problème, [/b]*répondit Conti sans émotion*
- Je sais, mais nous devons savoir où ils sont allés et surtout ce qu'ils comptent faire. Je parie que mon cousin a fui vers l'Espagne où il espère trouver de l'aide...
- Et comment savoir ?
- Qui ici était proche du Roy ?
- Je l'ignore, sans doute Mlle de la Vallière
- Allez me la chercher, elle se trouve sûrement dans les appartements de la favorite, dit Beaufort à quatre paysans armés qui n'attendaient que ça.

Les quatre paysans quittèrent la pièce en faisant un vacarme énervant. Beaufort tournait en rond, tout s'activait autour de lui mais le fait de savoir Louis parti, cela l'agaçait au plus haut point. Qui les avait trahi ? Il jeta un coup d'oeil dans la Cour de Marbre et regarda la petite bataille qui semblait prendre fin. Lequel de ces gueux avait trahi... tôt ou tard, François finirait par le savoir. Il fut sorti de ses pensées par des cris. Des cris de femme qui semblait lutter. La Vallière sûrement, pensait François. Il tournait le dos aux quatre paysans qui venaient d'entrer dans le bureau, accompagné de la femme qui criait. Conti ricana :*

- Ce n'est pas vraiment ce que nous avions commandé !

Curieux, François se retourna et se retrouva face à une femme qui était tout sauf la Vallière. Peu vêtue, elle avait dû être tirée de son lit sans aucun tact par les quatre gueux qui la maintenaient de force. François reconnut la tête brune et le visage rond. Il se souvint du bon vieux temps... du temps où lui-même avait fait ses avances à cette charmante créature. Il esquissa un sourire et dit.*

- Messieurs, laissez-là donc respirer et allez plutôt lui chercher de quoi se vêtir !

*Les quatre paysans -pourtant ravis de toucher une aussi jolie femme - s'exécutèrent sans râler. Lorsqu'ils claquèrent la porte, il ne restait qu'Athénais de Montespan, le Prince de Conti, et Beaufort lui-même. Conti savait qu'il s'apprêtait à assister à une scène amusante, prit place sur un fauteuil et observa les deux anciens amis.*

- Vous me décevez beaucoup Athénais... vous... une femme mariée....

* Athénaïs n'avait aucune idée de ce qui se préparait cette nuit-là. Elle était allée se coucher tôt, après avoir quitté la Reine qui n'était sans doute pas au courant que dans la nuit elle quitterait le château dans la discrétion la plus totale, et sans aucun serviteur. Quoi qu'il en soit, Athénaïs dormait d'un sommeil profond lorsque Beaufort et ses acolytes entrèrent dans le château. Au début ils ne faisaient aucun bruit, mais par la suite quelques résistances se firent sentir et les paysans ne prirent plus la peine de faire preuve de discrétion.
Lorsque les quatres paysans s'approchèrent de ses appartements et y entrèrent, l'une des suivantes qui n'étaient pas parties avait tenté de la prévenir, mais l'un des paysans l'avait attrapée et fait clairement comprendre de se taire si elle voulait qu'aucun mal ne lui soit fait. Enfin ils arrivèrent dans sa chambre. Il se postèrent deux de chaque coté du lit, l'un d'entre eux lui plaça la main sur la bouche ce qui la réveilla immédiatement. Peu habituée à ce genre de manières, elle se réveilla en sursaut. Lorsqu'elle constata la présence de gueux dans sa chambre, la marquise voulut hurler de terreur, mais son cri fut étouffé par la main bourrue qui lui masquait la bouche. Ses grands yeux bleus apeurés allaient de gauche à droite, regardant chacun des quatres paysans tour à tour, se demandant ce qu'ils faisaient là et ce qu'ils comptaient lui faire. Mille choses horribles lui traversèrent l'esprit. Si les paysans étaient entrés ainsi dans le château, le Roy était sans doute en danger, ainsi que la Reine (même si celle-ci était moins importante). Les paysans la sortirent de son lit de manière fort peu courtoise et quelque peu brusque. Son corps n'étant pas encore tout à fait réveillé malgré la terreur qui était déjà en elle et qui faisait battre son coeur très vite et très fort, Athénaïs tituba et manqua de tomber. Ils la tenaient finallement par les bras, un de chaque coté, un devant et un derrière, profitant de la vue qu'offrait la chemise de nuit de la marquise un peu déchirée par la rudesse des hommes de main du duc.*

-Mais où m'emmenez-vous? Qui vous commande?! REPONDEZ !! LACHEZ MOIII !!!

* Mais ils se contentaient de ricaner et faire des commentaires déplacés sur elle tout en la trainant (il n'y a pas d'autres mots) jusqu'à leur maitre. Athénaïs fut étonnée d'être conduite dans les appartements du Roy. En entrant dans le bureau de Sa Majesté, le coeur de la marquise se serra... Qu'allait-elle découvrir en franchissant cette porte... le Roy était-il mort? Le rentenait-on? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, la fatigue et la peur s'étaient emparées d'elle, elle pleurait et se débattait, criait sans compendre ce qui se passait. Enfin, elle aperçut le duc de Beaufort devant qui elle avait été conduite. Elle le regarda sans comprendre ce qui ce passait.. ou plutot si, elle commençait à comprendre. Les rumeurs étaient fondées, et le Duc de Beaufort venait de réaliser son coup d'Etat. Il avait chassé Louis XIV du pouvoir pour prendre sa place. Les paysans la lachèrent, elle en profita pour réajuster sa chemise de nuit pour se camouffler un peu et regarda François de Vendôme en fronçant les sourcils.*

-Seriez-vous devenu fou? Que faites-vous donc?

* Elle regarda autour d'elle, dévisageant les complices du cousin du Roy, avant de reporter son regard sur celui-ci.*

-Plait-il? Quels reproches me faites-vous? Je vous trouve bien hardi d'oser me faire une quelconque remarque!

HJ: je suis pas la maitresse du Roy XD et ke "plait-il", il fallait que je le fasse mdrrr

*François lui faisait face, conservant ce léger sourire énervant accroché à ses lèvres. Il hésitait sur la technique à utiliser pour s’occuper d’elle. Il allait lui demander de collaborer, c’était évident, mais si elle refusait et que, par amour et fidélité pour son Roy, elle préférât mourir que de se trahir. Ah il fallait trouver un point sensible. Il se souvint alors de son mariage et de la naissance de ces deux premiers enfants. Ne feraient-ils pas de bons otages ? Sans doute. François devait-il lui expliquer ce qui s’était passé ? Elle devait certainement s’en douter car si le Roy avait fui c’est que les rumeurs avaient déjà été lancées. Il ne fallait rien espérer de plus. François était déjà assez content qu’au château, presque personne n’était levé et que la possible révolte des courtisans serait largement maitrisable. Il avait eu un peu de cela, il fallait l’avouer, car il est bien plus facile de manipuler des paysans idiots et illettrés que des courtisans cultivés et doté un minimum d’intelligence. François s’adossa sur le grand bureau et tapotait, du bout des doigts, le bout de son épée. Il fallait bien la garder sur elle, celle là. Il s’apprêtait à répondre mais Conti lui lança un regard noir. Il était pressé d’en finir avec la marquise et il n’avait pas tort. Ils avaient beaucoup de choses à faire par la suite que de trouver le Roy, chose qui était très importante, pourtant, aux yeux de Beaufort. Il soupira puis répondit.*

- Evitons les politesses, marquise, et dite-moi immédiatement où se trouve mon cher cousin

*Non, il n’allait pas dire « Le Roi », il ne l’était plus ce Louis de pacotille. Et puis pourquoi Louis comme prénom ? Henri était bien mieux, et François était la perle des noms pour un Roy. François, roi des français ! Le Duc avait une certaine rancœur envers le cousin qui l’avait fait enfermé et ne comptait lui laisser passer aucune excuse. Il s’avança d’un pas menaçant vers la marquise, l’obligeant à reculer et à s’asseoir sur l’un des sièges présents dans la pièce. François posa ses deux mains sur les accoudoirs, empêchant à Athénais de fuir, et la regarda droit dans les yeux.*

- Parlez ou je fais tuer vos enfants qui sont actuellement sous ma main !

* Le mensonge n’était pas très gros. Même s’il ne savait pas où se trouvaient les enfants à l’heure actuelle, il ne lui aurait fallu que quelques heures pour les retrouver et les faire assassiner sans problèmes. D’ailleurs, François n’avait aucune pitié, pas même pour les enfants, et encore moins ceux de ses ennemis. Et Athénais, comme d’autres, le savait très bien. Il était très connu, dans le pays, qu’il fallait mieux être l’ami de Beaufort que son ennemi. Louis en avait lui-même fait les frais.*

* Le ton sur lequel lui parlait le duc de Beaufort lui glaça le sang. Il semblait très énervé, très froid et sur le point d'exploser. Il la força à s'asseoir dans un fauteuil, ou plutot la fit tomber dedans, puisqu'il l'obligeait à reculer en avançant vers elle. Elle était à présent assise, enfoncée dans le fauteuil sans aucune possibilité d'en sortir puisque François l'encadrait de ses bras puissant, se tenant sur les accoudoirs. Athénaïs essayait machinalement de se faire toute petite, ressemblant presque à une tortue, la tête entre ses épaules remontées.
Ainsi donc, Beaufort voulait savoir où se trouvait le Roy. La marquise déglutit difficilement lorsque le duc posa la question. A la vérité, elle n'en savait fichtre rien! Elle le regarda de ses yeux bleus perçants de colère. Ainsi donc, il le trahissait! Il voulait donc prendre sa place et sans doute le tuer! Non, elle ne dirait rien, pas question de trahir le Roy! Sa famille avait toujours été aux cotés des rois et ce n'était pas maintenant qu'Athénaïs faillirait à la réputation des Mortemart ! Lorsqu'il lui demanda de cette manière si délicate où se trouvait son cousin, Athénaïs se contenta de froncer les sourcils.
Mais ensuite, la donne changea. François menaça de faire tuer ses enfants. Comment se pouvait-il que ses deux petits se trouvent sous la main du duc? La marquise n'en avait pas la moindre idée, mais mieux vallait ne pas tenter le diable. Ses grands yeux bleus s'emplirent de larmes, elle défronça ses sourcils et lui lança un regard implorant en se redressant sur le fauteuils. Leurs visages se trouvaient à présent à quelques centimètres l'un de l'autre.*

-Mais je n'en sais rien! Je vous en prie, ne leur faites pas de mal ! Mes enfants n'ont rien à voir avec votre querelle familiale! Je ne sais pas où se trouve le Roy, pensez-vous que si j'avais été informée de quoi que ce fut je serais ici?

*Elle se garda bien de dire qu'elle aurait probablement menti si elle l'avait su, mais de toutes façons, là c'était la vérité, elle n'en savait rien. Elle en volut soudain à la Reine de n'avoir rien dit, car si elle savait qu'elle prendrait la fuite dans la nuit et que les ennemis débarqueraient dans le château, ne rien dure revenait à risquer la vie de ses sujets. La Reine était certes quelque peu stupide mais loin d'être méchante. Athénaïs pensa donc qu'elle n'en avait pas été informée à l'avance.
Elle regarda François de Vendôme, les yeux pleins de larmes qu'elle avait du mal à contenir malgré le courage qui était le sien. Elle lui lâcha d'une toute petite voix suppliante, tremblant comme une feuille, soit à cause de la peur soit à cause du froid, peut-être même les deux:*

-Je vous en prie, ne faites pas de mal à mes enfants. Prenez ma vie si cela vous plait, mais laissez-les vivre.